samedi 13 août 2011

Le Burlesque ou comment explorer sa féminité

    De grands yeux ronds, l'air ahuri suivi d'un "mais qu'est-ce qu'elle fait là?!". C'est souvent la réaction qu'on a lorsqu'on aperçoit pour la première fois une "velina"*. Une quoi? une "velina", cette pin-up des temps modernes typique de la télévision italienne chargée de vous distraire (ou plutôt de distraire la gente masculine). Bikinis, microrobes, sourire émail diamant, et enfin belle plastique caractérisent la "velina". On aura tous bien compris que les "veline" ne sont pas de véritables pin-up, mais se rapprochent plus de la Barbie. Oui Barbie, car qu'elles soient blondes, brunes, rousses etc... elles correspondent toutes à un modèle type contrairement aux pin-up.

    Concrètement la velina on l'oublie mais pas la pin-up. Marylin Monroe et surtout Bettie Page sont restées dans l'imaginaire aussi bien masculin que féminin parce qu'au lieu de représenter un modèle, elles incarnent chacune une vision particulière de la femme et de la féminité. D'un côté, Marylin image du charme, du glamour et de la sensualité; de l'autre Bettie figure à la fois de la candeur et de la malice. Voilà l'explication de notre fascination à leur égard! Au-delà de leur beauté, elles ont chacune une façon unique d'exprimer leur féminité.


Marylin Monroe

Bettie Page


   Que l'expression de notre féminité soit multiple, les artistes de burlesque l'ont bien compris. Petites culottes, soutien-gorges, corsets et surtout pasties (les fameux cache-tétons!) font partie des accessoires principaux des performers. Mais si le burlesque est connu pour un être un strip-tease, c'est dabord un spectacle. Eh oui! Cet art allie  musique, sketch, danse et enfin détail le plus important : mise en scène. Le genre tire en effet ses origines d'une forme théâtrale née à Londres au XIXème se caractérisant par la satire légère et ironique de la société de l'époque. C'est cet élément ironique toujours présent aujourd'hui qui a fait du burlesque ce que nous en connaissons maintenant : une mise en scène ironique d'un strip-tease.

    Reines de la mise en scène, j'ai nommé Sally Rand** et Lili St Cyr, car créatrices de numéros faits pour suggérer plus que montrer. La première créa la "fan dance"    qui consistant à agiter d'énormes éventails en plumes d'autruche tout en dansant et faisant croire au public qu'il en voyait plus qu'il ne pensait. N'oublions pas que la censure dans les années 30 et jusqu'aux années 60 était de mise aux USA! Alors pour y remédier Sally Rand trouva ce subterfuge pour cacher son corps, qui n'était pourtant pas si dénudé que ça(un body couleur chair aura suffi pour tromper le public!). La seconde quant à elle, créa le fameux "bubble bath" que Dita Von Teese a savamment repris à sa manière lorsqu'elle joue dans son gigantesque verre de martini (un numéro d'abord imaginé par Catherine D'Lish dans son gigantesque verre de champagne).


Lili St Cyr

Sally Rand
   


    Autre reine du burlesque, j'ai nommé Gypsy Rose Lee. C'est à elle que les performers doivent les bases et les règles de leurs shows. Il n'est donc pas étonnant qu'elle soit aussi connue comme "The Intellectual Stripper". En effet, Gypsy Rose Lee, fut une de ces artistes qui a su à sa manière retourner aux origines du burlesque : durant ses shows elle récitait des poésies ou faisait des sketchs tous écrits de sa main tout en se déshabillant ou PAS! Voilà où résidait sa force, dans sa capacité à captiver son public à tel point que pendant certains shows elle n'enlevait même pas un gant. C'est pourquoi elle est considérée comme une icône pour un grand nombre des artistes de burlesque aujourd'hui.

Gypsy Rose Lee

    Je citerai enfin Satan's Angel, non pas pour la mise en scène mais pour montrer que le burlesque peut aussi être considéré comme un mouvement qui a permis à la femme d'évoluer dans la société : "Dans les années 50 et 60, les femmes n'avaient pas beaucoup de choix sur ce qu'elles pouvaient faire une fois adultes. Elles pouvaient devenir mère, femme au foyer, agent de vente ou travailler en usine [...] Le burlesque pour moi n'a rien à voir avec l'empowerment de la femme. Dans mon cas ça a été tout pour l'argent. Lorsque j'avais 25 ans j'avais une maison dont j'étais la propriétaire, énormément d'argent sur mon compte, une nouvelle Cadillac chaque année...je n'aurai jamais rien eu de tout cela si j'avais continué le travail que je faisais avant où j'étais payée 99$ par semaine." 





     A chacun son point de vue, mais en ce qui me concerne, si pour Satan's Angel le burlesque n'a rien à voir l'empowerment de la femme, je vois en ce mouvement une possibilité pour la femme de ne plus être objet mais sujet, et en conséquence d'avoir conscience de son pouvoir de séduction et de savoir en jouer. Pas d'empowerment mais Satan's Angel nous décrit une femme moderne, indépendante, et enfin avant-gardiste par rapport aux moeurs de son temps. Mais attention à ne pas classer le burlesque dans le féminisme! C'est un mouvement bien à part car très peu de ses artistes se sont revendiquées du féminisme, si Satan's Angel est devenue ainsi à 25 ans c'est grâce à la scène et non au fait de descendre dans les rues manifester  pour obtenir plus de droits en tant que femme. Et pour vous c'est quoi être femme?

Burlesquement vôtre,


Shug'A'Very.

*ps : la velina en quelques mots c'est la nouvelle potiche de la télévision, même là où on s'y attend le moins elle est là (ouais même durant les programmes un peu culturels il y a du bikini dans l'air) . Je crois qu'en France nous sommes sur la voie : nous avons Victoria Silvstedt (qui est aussi sur la télévision italienne étrangement...).


**ps : la vraie créatrice de la fan dance fut Faith Bacon mais j'ai préféré parler de Sally Rand car c'est elle qui en a élevé le niveau et l'a rendue mythique.

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