mercredi 3 août 2011

Le parfum, meilleur mannequin des couturiers

        Poiret, Paul Poiret. Ce fut lui le premier. Ce fut lui, couturier très célèbre du début du XXème siècle connu pour avoir libéré le corps de la femme du corset, qui dans le monde de la mode créa le tout premier parfum. Cette précision paraît absurde, mais elle a son poids lorsqu'on observe aujourd'hui que mode et parfumerie sont presque indissociables. Lorsqu'en 1911, Poiret crée les parfums de Rosine, il est novateur : à l'époque parfumerie et couture appartiennent à deux sphères bien distinctes.

        C'est en lisant La mode 1900-1999, le siècle des créateurs  de Charlotte Seeling que j'ai découvert Poiret parfumeur et ses flacons, dont je suis tombée littéralement amoureuse. C'est aussi à ce moment-là que j'ai saisi toute l'importance du flacon pour un couturier. Le flacon "habille" le parfum, lui donne un style, en l'occurrence celui du couturier. Chez Poiret, ce style, c'est définitivement l'Orient, en vogue à l'époque car rendu célèbre grâce aux Ballets russes de Diaghilev et aux costumes de Léon Baskt, comme le suggère d'abord le nom de son parfum "Nuit de Chine". Le flacon en verre, quant à lui, n'est pas sans rappeler une tabatière à opium de Chine surmontée par un bouchon cabochon lui aussi en verre. Un détail à noter sur ce flacon : les anneaux faits en bakélite, nouveau matériau créé en 1909. Par le choix de cette matière Poiret montre qu'il est avant tout un couturier, n'oublions pas que c'est l'époque des débuts de la haute couture et donc de la recherche de nouveaux tissus par les créateurs pour mieux façonner leurs vêtements. C'est la même chose ici pour ce flacon.

Nuit de Chine

        Si Poiret a été le précurseur chez les couturiers dans la parfumerie, celle qui a incontestablement réussi à s'imposer dans ce domaine c'est bien Coco Chanel grâce à son parfum "N°5". Le flacon le contenant est tout ce qu'il y a de plus simple: épurée, géométrique, sobre et surtout élégant. Tous ces adjectifs s'appliquant à "N°5" pourraient tout à fait s'appliquer à Coco Chanel elle-même, et c'est ce qui la différencie totalement de Poiret. "N°5" c'est Chanel, non pas la marque mais bel et bien sa créatrice. Contrairement à son prédécesseur, Chanel INCARNE son parfum.


N°5

        "Opium pour celles qui s'adonnent à Yves Saint Laurent", voilà la signature du parfum à l'odeur mais surtout à la forme de scandale. Je prononcerai encore une fois Poiret! Orient toujours l'Orient, et je dirai même plus l' opium toujours l'opium, à croire que cette région et cette drogue ont continué à fasciner l'imaginaire des grands couturiers et des parfumeurs.  Il n'est donc pas étonnant que pour son parfum "Opium" il ait choisi de le contenir en un écrin digne de son nom : l'inro, venu du Japon. Ce petit objet servait à contenir les sceaux à cacheter tout comme une substance prohibée, l'opium. Poiret avec "Nuit de Chine" n'a fait que suggérer, Yves Saint-Laurent a fait plus, avec Opium il a créé un parfum dont ceux qui le mettent en deviennent dépendants et ceux qui le sentent le sont également : comme si il fallait être séduit soi-même pour séduire à son tour.



 
Inro datant du XIXème siècle   

Opium

        Plus que l'odeur, il semblerait que le flacon fait le parfum, et vous qu'en pensez-vous?  En ce qui me concerne,  je vous raconte que j'adore les flacons mais ironie du sort celui du parfum que j'utilise n'a absolument, mais alors absolument rien de charmant, ni d'envoûtant. Il est simple et n'a vraiment rien de l'élégance de N°5, je vous parle du parfum à la noix de coco d'Yves Rocher! J'ai bien envie de m'étaler sur le sujet, mais je crois bien que je le ferai dans un prochain article, car tout comme le flacon un parfum se doit aussi de séduire!

Shug'A'Very
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