Tous les mercredis, Incognito vous propose un article dédié à la culture
mais vue par un Oeil Neuf, le nôtre !
Janvier 2010, je visitais pour la première fois le Japon. C'est un pays qui m'a toujours fascinée car il oscille entre tradition et modernité. Je n'aurais jamais cru voir autant de créativité et de diversité dans la rue, car les japonais sont vraiment très créatifs. Croyez-moi se promener dans Tokyo c'est comme assister à une énorme Fashion Week !
Bien que la modernité soit ce qui caractérise sûrement le plus le Japon à l'étranger, je peux vous dire que c'est aussi un pays fortement marqué par ses traditions. Pour le constater il suffit d'écouter parler les gens, voir comment ils traitent leurs aînés, supérieurs hiérarchiques et clients. On pourrait simplement me dire qu'il s'agit d'étiquette, ce à quoi je répondrais que c'est bien plus profond que cela, car la tradition fait partie du quotidien japonais.
J'ai aussi pu constater que le passé était encore très présent grâce aux kimonos que je voyais dans la rue. C'est une chose qui a énormément attiré mon attention car en France cela n'existe plus. Par "cela" je veux parler du fait de porter des tenues traditionnelles.
Je pense que lorsqu'on visite un pays, il est aussi important de voir comment les gens s'habillaient dans le passé, après tout la mode fait aussi partie de l'Histoire. C'est pour cette raison que je me suis rendue dans un kimonoya : boutique vendant kimonos neufs et anciens. Cette boutique était tenue par une famille, j'ai trouvé cela très significatif de voir trois générations (les grands-parents, leur fille et leur petite-fille) réunies autour d'une chose qui a marqué et continue de marquer le quotidien des japonais : le kimono.
Je comprends un peu le japonais mais pas à un niveau me permettant d'avoir une véritable conversation, mais heureusement que ce jour-là se trouvait avec moi une amie japonaise parlant français. Grâce à elle j'ai pu obtenir d'intéressantes informations sur le kimono. Saviez-vous qu'il était possible pour les japonais de savoir si une femme était dans la vingtaine, la trentaine, mariée, célibataire ou veuve juste en voyant son kimono ? J'ai vraiment été très surprise lorsque je l'ai appris. Mais en repensant à ce que j'ai lu à propos de la société japonaise, je me suis souvenue qu'il s'agissait, je dirais même qu'il s'agit toujours, d'une société très codifiée où les castes sont encore présentes. Il apparaît donc totalement normal qu'avant de se présenter à quelqu'un la personne en face de vous sache à quelle classe sociale vous appartenez. Quoi de plus simple alors que la tenue pour le signifier ?
" Alors que sur la photo tout semble superbe, je porte [...] au moins 8 kilos de vêtements "
Pouvoir porter un kimono a non seulement été une expérience inoubliable mais cela m'a surtout permis de comprendre combien une tenue pouvait en dire long sur une société. Alors que sur la photo tout semble superbe, je porte avec une apparente désinvolture au moins 8 kilos de vêtements. Laissez-moi vous expliquer : on ne le voit pas mais sous le kimono que vous voyez je porte 3 "sous-kimonos" ! Je ne me suis jamais tenue aussi droite de toute ma vie et tout cela grâce à l'énorme ceinture serrant ma taille : c'est ce qu'on appelle un obi, mais pour moi c'était plus l'équivalent d'un corset ! Pour quelqu'un comme moi qui n'a pas l'habitude de porter de tels vêtements, marcher s'est avéré un véritable art car le kimono ne permet de faire que de petits pas, même bouger le haut de mon corps était extrêmement difficile. J'ai eu l'impression que c'était le kimono qui me dictait les mouvements que je devais faire et non le contraire. Effectivement, porter un kimono donne une certaine posture.
Irotomesode, c'est le nom de ce kimono uniquement porté par les femmes mariés. Il est possible de savoir qu'il s'agit de ce genre de kimono car il n'a qu'une seule couleur et parce que les motifs le décorant se trouvent en dessous de la taille.
Voici un autre kimono que j'ai eu la chance de porter :
" J'ai eu l'impression que c'était le kimono qui me dictait les mouvements que je devais faire et non le contraire "
Ce kimono est de loin celui que j'ai préféré porter. Les motifs sont magnifiques et le tissu est beaucoup plus précieux, il s'agit ici de soie. Ce kimono est ce qu'on appelle un furisode et il est porté par de jeunes femmes célibataires ayant la vingtaine et de rang noble. Il se caractérise par la longueur de ses manches, entre 75 et 125 cm. Ici encore mêmes impressions que pour le premier kimono à ceci près que ma marge de mouvement a été encore plus diminuée car beaucoup plus long que le premier (et donc plus lourd). Ceci ne m'a pas empêché de me sentir gracieuse, oui c'est ce qui m'a marqué lorsque j'ai porté ce dernier kimono, alors que j'aurai cru me sentir mal à l'aise et surtout faire preuve de maladresse dans mes déplacements. Le furisode m'a décidément transformée en véritable Ojo-San (en d'autres termes demoiselle de haut rang) pendant quelques heures, et c'est une expérience que je revivrais mille fois si je le pouvais !
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